Pourquoi le hard discount est à bout de souffle
Arrivées en France dans les années 1990, les enseignes allemandes ont bousculé la grande distribution en proposant des prix imbattables. Leur modèle atteint aujourd'hui ses limites, malgré la crise et la baisse du pouvoir d'achat. Les hypers ont-ils trouvé la parade ?
Le 24 octobre, Friedrich Fuchs ne se doute pas encore du séisme qu'il va provoquer dans l'univers de la grande distribution. Pourtant, en annonçant devant 3 000 cadres "l'abandon du hard discount", le nouveau patron de Lidl France, no 1 du maxidiscompte dans l'Hexagone, brise un tabou. Et signe la fin d'une époque : celle où ces commerces venus d'Allemagne, avec leurs prix bas et leurs magasins dépouillés, bouleversaient la consommation. Une révolution qui a obligé les distributeurs classiques tels Leclerc, Auchan ou Carrefour se remettre en question, tout en permettant aux consommateurs de faire des économies.
Vingt ans plus tard, l'ascension du maxidiscompte est stoppée net. Avec un paradoxe : plus le budget des Français rétrécit, plus le chômage explose et plus ces épiciers de crise perdent des parts de marché (12,7 % en 2012 contre 14 % en 2009). Un recul que les Lidl, Aldi, Leader Price, Dia ou Netto tentent d'enrayer en introduisant des grandes marques dans leurs rayons (Coca-Cola ou Nutella). Quitte précipiter la fin du modèle.
Leur succès avait surpris tout le monde. Et pourtant, les Allemands Lidl et Aldi ont su conquérir les Français au début des années 1990, malgré leurs magasins baignant dans une lumière blafarde, et peuplés de palettes contenant un nombre limité de produits sans marque, de 30 50 % moins chers qu'ailleurs.
A l'époque, ils jouaient sur du velours : les familles déboussolées par la hausse de leurs dépenses alimentaires, accélérée par le passage l'euro, y trouvaient un bon moyen de restaurer leur pouvoir d'achat. De quoi permettre ces